Je me souviens encore de ce jour où j'allais rencontrer mon futur mari.
J'allais faire mes courses pour Maman à l'épicerie de Ouistréham, c'est ma ville près de Caen quand un beau jeune homme, parlant très mal le français, me demandait de traduire ce qu'il y avait sur l'un de ses paquets.
Il venait du Portugal et j'ai tout de suite été séduite par son regard. Il avait fui le régime de Salazar qui voulait l'envoyer au Mozambique se battre.
Quand il est arrivé en France, à Paris, il a pu trouver du travail et s'y installer.
Petit à petit, il a gravi les échelons et est devenu directeur de projet architecturaux nationaux dans un premier temps puis plus tard, lorsque nous étions déjà mariés, internationaux. On a pu voyager énormément grâce à son travail.
Je me souviens, même après notre mariage, le régime de Salazar l'empêchait de revenir au Portugal et on a pu y retourner seulement après la fin du régime en 1974.
La réplique du pont de San Francisco à Lisbonne en porte d'ailleurs le nom: le 25/04.
Et c'est lors d'un déplacement à Caen, au début de sa carrière, qu'il est venu à moi.
« Je m'appelle Fernando » me dit-il,
« Et moi Eliane, je fais des courses pour Maman... »
On s'est plu et quand je suis rentrée à la maison, J'en ai parlé à Maman qui me demandait s'il était frisé ou bronzé et quand elle l'a vu, elle a dit : « ok »
On est resté ensemble toute notre vie et il s'est éteint à 65 ans.
Aujourd'hui, je vis à Vitré, car un accident de voiture m'a retiré tant et tant de plaisir.
Je suis restée longtemps dans le coma et les médecins pensaient que je ne remarcherais ni ne reparlerais plus.
Vous voyez, je remarche et je parle !
J'espère pouvoir à nouveau nager, qu'est ce que j'aime nager, c'est mon prochain objectif...
